Javier Gómez Noya: “J’ai des possibilités de gagner l’or olympique”

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Javier Gómez Noya s’est fait un nom dans l’histoire du triathlon. Il en a déjà écrit une page et il continuera de l’écrire. Le premier à gagner cinq titres mondiaux. À 32 ans, il possède une médaille d’argent olympique, mais sa soif de dépassement et sa ténacité le poussent vers un nouveau défi: l’or aux Jeux olympiques de Río.

Effort, professionnalité, travail et persévérance sont les valeurs qui ont incité Pamesa Cerámica à choisir ce sportif international comme ambassadeur de la compagnie.

Question: Vous êtes le meilleur triathlète de tous les temps; comment vous sentez-vous ?

Réponse: Je suis très heureux; je n’aurais jamais imaginé gagner cinq mondiaux ITU (Union internationales de Triathlon). Cela dépasse de beaucoup ce que j’aurais pu rêver. Néanmoins, me dire le meilleur athlète de tous les temps ne me plaît pas beaucoup, car on ne peut pas comparer les différents athlètes au cours du temps: chaque génération est différente.

Q: En quoi votre génération se différencie-t-elle de la précédente ?

R: Je suis actuellement en concurrence avec une autre génération d’athlètes. Si l’on compare les âges de mes rivaux dans les courses mondiales, ils ont pour la plupart au moins cinq ans de moins que moi. Auparavant, il y avait plus de combativité dans le secteur de la bicyclette, la génération actuelle est en revanche plus rapide dans la course à pied.

Q: Qu’avez-vous ressenti en premier en franchissant la ligne d’arrivée ?

R: Tout d’abord ce fut une joie immense; cela supposait savoir que le grand objectif de la saison était rempli. Deuxièmement, un peu d’exaspération parce que Mario m’avait vaincu. Il fut meilleur dans cette course et je m’en réjouis pour lui, car il a fait une superbe course; c’est le juste vainqueur, mais je n’ai jamais aimé être vaincu.

Q: Que signifie pour vous avoir dépassé le Britannique Lessing quant au nombre de titres ?

R: Je crois que je vais avoir besoin d’un certain temps pour assimiler tout ce que j’ai obtenu; aucun doute qu’être le triathlète détenant le plus grand nombre de titres mondiaux me remplit de satisfaction. On ne se lasse jamais de gagner, c’est une sensation très plaisante, mais je n’en tirerai aucun avantage l’année prochaine, ce pourquoi il faut continuer à se battre et à travailler pour essayer de remporter d’autres titres.

Q: Vous êtes très compétitif. Est-ce toujours le meilleur qui gagne ?

R: Dans le système actuel de compétition, on prime pas mal la régularité; le champion est plus juste parce qu’on peut éliminer certains résultats. Néanmoins, la grande finale compte toujours beaucoup, et sauf pannes techniques ou chutes, on peut dire que c’est généralement le meilleur qui gagne.

Q: Vous avez déclaré il y a un an: « 2014 a été la meilleure saison de ma vie« . J’imagine que 2015 a supposé encore beaucoup plus…

R: Il est vrai que la saison 2014 a été la meilleure quant aux résultats; j’ai gagné quatre Séries mondiales et le Mondial Ironman 70.3. Cette année, il me reste une épine dans le pied concernant la course célébrée à Zell am See; je m’étais très bien entraîné, mais une fièvre une semaine auparavant m’a quelque peu affaibli et j’ai la sensation de ne pas avoir pu tout donner de moi.

Q: Vous êtes-vous entraîné plus que jamais ?

R: Je peux dire que tel a été le cas; je me suis énormément entraîné. Ça a été une année plus difficile que ce que les gens pourraient penser. J’ai eu des épisodes de fièvre qui ne m’ont pas permis d’être à 100%. Normalement, quand les choses ne se déroulent pas comme je l’aurais voulu, je m’entraîne un peu plus qu’à l’accoutumée ou plus que je ne l’avais planifié; j’ignore si cela est vraiment bon, mais c’est ce que je ressens à ce moment-là.

Q: D’où tirez-vous votre force ?

R: Je ne le sais pas très bien (il sourit). Elle me vient de forme naturelle, mais je crois que le fait d’adorer ce que je fais est crucial, car dès lors la motivation sort de forme spontanée.

Q: Depuis votre premier mondial en 2008 jusqu’à aujourd’hui, en quoi avez-vous changé ?

R: En divers aspects. Si je devais en distinguer un par-dessus tous, ce serait bien sûr la maturité, qui permet d’affronter toutes les situations de forme plus tranquille et rationnelle, sur le plan sportif et personnel.

Q: Votre prochain défi à affronter sont les Jeux olympiques de Río; vous sentez-vous prêt pour remporter l’or?

R: Oui, je suis pleinement conscient que j’en ai la possibilité. Néanmoins, il s’agit finalement d’une course d’un jour et tout peut arriver, mais ce qui est sûr c’est que l’envie, l’effort et le travail pour y parvenir ne vont pas manquer.

« Sans être un objectif prioritaire pour 2016, je ne renonce en aucun cas à un sixième mondial »

Q: Parallèlement à cet objectif, envisagez-vous d’opter à un sixième mondial?

R: L’année 2016 va être totalement centrée sur les Jeux olympiques, mais pour prendre le rythme de compétition et bien préparer ce rendez-vous il faut courir certaines Séries mondiales. Ainsi, sans être un objectif prioritaire, je ne renonce en aucun cas à un sixième mondial.

Q: Tout au long de votre carrière vous avez démontré que pour vous rien n’est impossible…

R: Ha ha ha, certaines choses si… Pour le moment, il nous faut tout faire pour remporter l’or olympique, à côté des cinq mondiaux que j’ai déjà.

Q: Envisagez-vous de concourir en longue distance?

R: C’est une des possibilités qui existent, c’est une décision que je devrai prendre après cette saison 2016, une fois les Jeux olympiques terminés, mais pour le moment je préfère ne pas y penser.

Q: Vous êtes-vous parfois demandé où est votre limite?

R: Ce n’est pas une question que l’on se pose de forme directe, mais dans le sport professionnel, et dans une discipline aussi dure que le triathlon, on cherche de manière inconsciente sa limite de forme quotidienne. De nombreux jours on finit réellement fatigué, on pense avoir atteint la limite à ce moment-là, mais le lendemain on se réveille, tout le corps endolori, on regarde la planification du jour et c’est plus dur que la veille, mais on n’a d’autre solution que s’y jeter tête baissée.

Q: Quel est le secret de votre réussite professionnelle?

R: C’est une accumulation de facteurs. On ne peut pas nier qu’il est nécessaire d’avoir un talent naturel pour être un sportif de haut niveau; néanmoins, au-dessus de tout facteur qui détermine le succès ou l’échec se trouvent le temps dédié et le travail.

« L’on estime davantage ma carrière sportive en Espagne qu’auparavant. Sans aller plus loin, mon premier sponsor espagnol fut Pamesa il y a deux ans »

Q: Vous sentez-vous plus estimé en Espagne ou en dehors?

R: C’est difficile à dire, mais dans certains pays avec une plus longue tradition le triathlon on m’estime beaucoup, peut-être plus que les propres triathlètes du pays. Ceci dit, j’ai remarqué ces dernières années qu’on estime davantage mon travail et ma carrière sportive en Espagne qu’auparavant. Sans aller plus loin, mon premier sponsor espagnol date d’à peine deux ans, précisément Pamesa Cerámica.

Q: Comme triathlète, vous incarnez des valeurs que partage Pamesa. Le dépassement a-t-il été votre meilleur compagnon de voyage?

R: Il est primordial pour moi de me sentir identifié avec mes sponsors et les valeurs qu’ils transmettent. Les circonstances externes dans ma carrière m’ont forcé à devoir me surpasser dans des situations adverses qui ne dépendaient pas directement de moi. C’est pourquoi, le dépassement de soi a été primordial dans ma carrière sportive.

Q: Vous évoquiez l’évolution de la répercussion du triathlon en Espagne. Croyez-vous que la domination espagnole engendre plus d’enthousiasme pour ce sport dans notre pays?

R: Ça aide sans doute; j’ignore dans quel pourcentage, mais ce que nous sommes en train de vivre est historique. Et, d’une certaine façon, je crois qu’on ne lui donne pas la place qu’il mérite dans les médias, mais cette question ne dépend pas de nous.

Q: Qu’y a-t-il derrière une grande légende du triathlon?

R: En premier lieu, une famille et une équipe de travail qui m’aident et me soutiennent pour que tout soit le plus facile possible. J’apprécie énormément le travail qu’ils réalisent, et qu’ils vivent avec la même passion que moi. En deuxième lieu, en ce qui me concerne, je me considère comme un garçon normal, très familial, assez tranquille, avec des hobbies auxquels je ne peux pas consacrer tout le temps que je voudrais, comme par exemple jouer de la guitare.

Q: Pensez-vous rester lié au triathlon à l’avenir

R: Je voudrais bien et je veux le penser. Si ce n’était pas directement lié au triathlon, j’aimerais quelque chose en rapport avec le sport.

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